La Place du Général De Gaulle dans son contexte historique.

 

   

Figure 1.17 :

Place Charles de Gaulle

 

 

Par les deux plans régulateurs de 1832 et 1860, le Consiglio d'Ornato, organisme chargé de la planification urbaine à Nice sous la maison de Savoie,avait défini un axe de croissance nord-sud (l’actuel avenue Jean Médecin) à partir de la nouvelle place Masséna, sur la rive droite du Paillon. En 1864 la gare ferroviaire du Paris-Lyon-Marseille (PLM) est installée à la limite de la ville à mi-chemin de cet axe de croissance, puis plus tard avec le développement touristique et démographique, la gare des Chemins de Fer de Provence s'installe en périphérie de la ville plus au nord de la gare du PLM. Toujours dans ce même essor urbanistique, la ville prolonge cet axe de croissance nord-sud au-delà du relevé ferroviaire du PLM par l’avenue Malausséna. L’idée est reprise des vieux schémas du Consiglio d’Ornato de jalonner l’avenue de grandes places au croisement des principaux barreaux transversaux est-ouest. Voit ainsi naissance une place complexe faisant office de parvis pour la gare des chemins de fer de Provence, dans sa partie méridionale, et de nœud de confluence de grands boulevards dans la partie septentrionale.

Au-delà de cette filiation indirecte des schémas du  Consiglio d’Ornato, la mise en scène de la gare ferroviaire au sud, tout comme la confluence d’axes routier dans une configuration circulaire au nord (un cinquième axe prolongeant vers le nord-ouest l’Avenue Malaussena était prévu dans les plans de 1882) ainsi que l’utilisation du style belle époque pour les bâtiments qui la bordent, en font une place essentiellement haussmannienne. Il s’agit en tous cas d’une version niçoise des schémas haussmanniens, pour une place et pour des boulevards conçus dans le cadre d’une expansion urbaine et non pas percés dans un tissu urbain constitué, comme ce fut le cas des boulevards parisiens ou encore de la rue de la République à Marseille.

Appelée place Gambetta avant la seconde guerre mondiale, elle est rebaptisée place de la Libération en souvenir des résistants mort dans le quartier lors des combats contre les occupants allemands le jour même de la libération de Nice (28 août 1944). La place a ensuite pris la dénomination officielle de place du Général De Gaulle. L’érection d’un monument commémoratif au général en fait un lieu de la symbolique de la renaissance politique de la République Française à l’issue du second conflit mondial. La place continue néanmoins à être appelée place de la Libération par les niçois, signe d’une appropriation plus populaire des événements de 1944.

Goudronnée, la partie circulaire de la place devient progressivement un carrefour de circulation routière dans le second après-guerre. Le parvis de la gare perd sa fonction en occasion de la fermeture et du déplacement de la gare au début des années 1990. La place garde néanmoins une certaine vitalité dans la prolongation des trottoirs de l’avenue Malausséna, en accueillant tous les matins le principal marché alimentaire à ciel ouvert de la ville de Nice.

Comme pour la place Garibaldi, l’arrivée d’une ligne de tramway traversant la place en 2007, a permis une reconquête de l’espace public piétons aux dépenses de la circulation automobile et la coordination du mobilier urbain pour le marché. Reste aujourd’hui la friche de l’ancienne gare des Chemins de Fer de Provence, objets de plusieurs projets à haute valeur symbolique de la part des premiers édiles niçois (projet de nouvelle mairie par l’ancien maire Jacques Peyrat dans les années 2000, projet de médiathèque et de grande halle commerciale couverte par l’actuel maire Christian Estrosi). La place de la Libération / place du Général De Gaulle pourrait ainsi dans un prochain futur faire à nouveau l’objet d’une mise en scène du renouveau urbain, comme ce fut déjà le cas des places haussmanniennes à Paris et des places baroques à Rome.

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