Cinq places emblématiques de la ville de Nice

Issue d’une histoire urbanistique particulière, et proposant des ensembles cohérents de tissu urbain produits à différentes époques, la ville de Nice (Alpes-Maritimes) constitue un laboratoire d’application exceptionnel pour la démarche d’analyse proposée dans ce cours. Les cas de cinq places de la ville de Nice sélectionnées par rapport au caractère paradigmatique du contexte historique de leur production, serviront ainsi à illustrer de façon pratique le déroulement et les résultats des analyses. Au sein de chaque module d’enseignement, le lecteur pourra ainsi visualiser les résultats des analyses à chacune des cinq places niçoises.

 

   

Figure 1.14 :

Périodes d'urbanisation, à Nice

 

 

La localisation des cinq places donne des indications sur le contexte historique de leur création. Le vieux Nice est un quartier issu de la fin du Moyen-âge. Typiquement ligurien, le tissu urbain du vieux Nice se compose d’ilots très denses, relié par des nombreuses rues et ruelles, jalonnées par des places et placettes en correspondance des principaux bâtiments publics. C’est dans ce quartier qui se situe le premier cas d’étude de notre analyse, notamment le complexe des places Rossetti et Halle aux Herbes.

Une ceinture d’extension urbaine en damier a été planifiée et réalisé autour de la vieille ville au cours des siècles XVIII et XIX selon les modèles de l’urbanisme turinois. Le plan devient orthogonal, le bâti est moins dense et les rues sont plus larges. À l’ouest le rivage devient une direction préférentielle d’expansion urbaine. La place Garibaldi, second cas d’étude de notre analyse, est un exemple paradigmatique de cet urbanisme classique de la fin du XVIII. Comme la plus célèbre place Masséna à l’ouest de la vieille ville, la place Garibaldi structure un secteur entier de la nouvelle urbanisation niçoise.

L’extension urbaine se poursuit à partir de la fin du XIX siècle au Nord du relevé des chemins de fer, prenant des formes de moins en moins régulières, et faisant propres certaines suggestions de l’urbanisme haussmannien. La place de la Libération témoigne de cette hybridation des schémas de l’urbanisme classique niçois avec les logiques de l’haussmannisation. L’urbanisation se poursuit également sur les pentes des premières collines niçoises. La colline de Cimiez est la première à être investie par une urbanisation résidentielle mélangeant villas bourgeoises et grands palais, mais ce tissu résidentiel très particulier ne donnera lieu à aucune forme particulière de place urbaine.

Au XXeme siècle la ville de Nice s’étend au nord et à l’ouest jusqu’à l’embouchure du Var, où un aéroport est aménagé dans le second après-guerre. L’urbanisme moderne sera marqué par la création de quartiers entiers : des cités de logements sociaux (Las Planas au nord, les Moulins à l’ouest, l’Ariane au nord-est), la cité administrative, le quartier des affaires des Arénas à proximité de l’aéroport. Faisant fi des contraintes topographiques, la nouvelle urbanisation résidentielle, dans la forme de logements collectifs ou de maisons individuelles colonise de façon de moins en moins dense l’intérieur des terres, et notamment les collines entourant les zones urbaines denses de l’avant-guerre. À l’ouest, la Plaine du Var recèle les dernières réserves foncières de la ville après avoir accueilli au fil du temps des centres commerciaux, des activités artisanales et des équipements variées le long des routes qui la sillonnent. La place des Yuccas, dans la cité des Moulins, et celle des Mosaïques dans le quartier des affaires des Arénas sont des bons exemples de l’urbanisme de dalle de cette seconde moitié du XX siècle et constituent les deux derniers cas d’études de notre analyse.