L’analyse du contexte urbain de la place des Yuccas

La place des Yuccas est situé au sein du quartier des Moulins, quartier né de la croissance de la ville vers l'ouest dans les années 1960. Le quartier est un ensemble de logements sociaux, actuellement classé en Zone Urbaine Sensible, crée ex-nihilo par la puissance publique sur des anciennes terres agricoles. Il marque, dans sa conception et dans sa réalisation, l’époque du passage à la répétitivité industrielle et aux grands ensembles. Puisant ses racines dans la théorie du mouvement moderne (séparation fonctionnelle, refus des alignements traditionnels, utilisation de techniques modernes de construction) cette façon d’intervenir sur la croissance urbaine apparaissait à l’époque comme un remède à la crise du logement des années 50-60. Elle donne la priorité aux réalisations à grande échelle, à la rationalité technique et à l’efficacité des plans (R. Allain 2005).

Les voies structurant cette partie de la ville délimitent un grand ilot de presque 40 hectares, dont plus de la moitié est constitué par l’énorme parcelle où s'est construit le quartier. L’ilot est ainsi ceinturée des côtés sud et ouest par la route de Grenoble, du côté est par le boulevard Paul Montel et du côté nord par la Digue des Français. Directement connectée à l’autoroute et à l’autoroute urbaine, la route de Grenoble a un caractère d’artère autoroutière, presque étanche au quartier. D’autre part, le quartier ne développe pas non plus une trame de rues finement interconnectés au boulevard Paul Montel, à la Digue des Français et, par là, aux quartiers environnants. Seule la rue des Mahonias interconnecte le boulevard à la Digue des Français, traversant le quartier et sans se prolonger au-delà de celui-ci. Ainsi, le quartier a une configuration particulièrement introvertie, qui dialogue très faiblement d’un point de vue urbanistique avec les quartiers environnant. Entièrement entourée par le bâti du quartier, la place des Yuccas souffre de cette situation d’insularité du quartier, d’autant plus qu’elle n’est même pas traversée par la rue des Mahonias mais lui est connectées par des passages piétons sans visibilité directe sur la place.  De surcroit, le quartier comprend deux places, les Yuccas et les Amaryllis, dont la connexion n'est pas évidente. En effet, il n'existe pas de voies les mettant directement en relation. La place des Yuccas est ainsi une place fermée sur elle-même car séparée par un long bâtiment-barre de la seule voie qui pourrait lui assurer une connexion avec l'extérieur, et cela au sein d’un quartier très marqué d’un point de vue socio-économique (cité de logements HLM) et mal connecté au reste du tissu urbain.

En analysant de plus près le tissu urbain autour de la place, le quartier se caractérise par l'absence d'un réseau de voies orientant le bâti. Celui-ci est disposé indépendamment des voies car il n’est pas régi par des règles d'alignement. Cette caractéristique, ainsi que la forme des bâtiments (barre, tour, forme circulaire), différencie considérablement le tissu de ce quartier des formes urbaines traditionnelles de la ville de Nice.

Or à une échelle plus vaste, le quartier des Moulins occupe une position stratégique. L’embouchure de la plaine du Var est en train d’émerger comme nouvelle centralité périphérique au sein de la ville de Nice regroupant, sans pour autant les intégrer au sein d’un tissu urbain cohérent, l’aéroport international, le quartier des affaires, la cité administrative, la grande salle des spectacles, et, sur la rive droite, le grand centre commercial de Cap 3000. Desservis par l’autoroute et les chemins de fer (et dans le futur par deux nouvelles lignes de tramway), cet ensemble se trouve au bout de la Promenade des Anglais, axe urbain majeur de l’urbanisation niçoise à l’ouest du centre-ville, et entoure le quartier des Moulins. Dans l’ensemble métropolitain azuréen, l’embouchure du Var occupe une position encore plus barycentrique, à mi-chemin entre les centres de Nice et Monaco, à l’est, et ceux de Cannes et Antibes/Sophia Antipolis à l’ouest, ainsi qu’en connexion directe avec l’axe de pénétration dans l’arrière-pays constitué par la vallée du Var. Les réserves foncières de la basse vallée du Var sont ainsi en train d’accueillir des nouvelles activités métropolitaines (technopôle, campus universitaire, grand stade). Ce contexte permet de mieux saisir le potentiel du quartier des Moulins et de sa place principale, potentiel actuellement freiné par une situation d’insularité qui est en réalité la première caractéristique de touts les fragments urbains de la basse plaine du Var. Comme pour la place des Mosaïques, les faiblesses de l’insertion urbanistique de la place des Yuccas au sein de l’espace urbain niçois deviennent évidentes dans la comparaison avec les schémas de l’urbanisme niçois du Conseil d’Ornement. Par rapport à ces derniers, les quartiers de l’embouchure du Var ont gardé uniquement les axes de la maille et les places secondaires intérieures à la maille, perdant autant la trame fine et interconnecté assurant la continuité entre un quartier et l’autre, que les grandes places interfaces entre les mailles.

   

Figure 2.24 :

La place des Yuccas et celle des Mosaïques dans le contexte urbain

 

 

   

Figure 2.25 :

La place des Yuccas à l'échelle du quartier