Le traitement des espaces publics ouverts

L’essentiel de la surface d’une place est un espace public ouvert minéralisé. Délaissé pendant la période d’urbanisation rapide et industrielle du XXème siècle, puisqu’il était devenu ce qui n’était pas construit, une sorte d’espace résiduel mal défini, traité de manière pauvre et sans réflexion sur ses relations avec l’environnement bâti, une grande partie de cet espace a été goudronné et sacrifié à la circulation et au stationnement automobile.

Il y a une prise de conscience générale de nos jours, quant à la nécessité de l’amélioration des traitements de l’espace public de nos places afin de leur permettre une meilleure lisibilité et renforcer leur rôle de foyer d’urbanité. Les espaces publics ouverts (rues, places, jardins) sont ainsi devenus le point focal de toute intervention de reconquête urbaine, dans les centres-villes anciens comme dans les cités de logements sociaux. 

Au delà de son aspect esthétique, le traitement de l’espace public doit prendre en considération plusieurs autres aspects parmi lesquels :

-L’aspect social : de manière à favoriser les rencontres spontanées et marquer l’identité de l’espace.

-L’aspect culturel : en tenant compte du patrimoine hérité bâti ou non bâti, et de l’histoire du lieu.

-L’aspect urbanistique : créer un lien entre les bâtiments qui le bordent, favoriser la création de séquences d’espaces, contribuer à la lisibilité de la composition urbaine, etc.  

-L’aspect économique : renforcer l’attractivité de cet espace afin de permettre le développement de l’activité commerciale, touristique, etc.

-Et enfin l’aspect environnemental : en intégrant la prise en compte des écosystèmes urbains (flore, faune, etc.) dans la conception et la mise en réseau des espaces publics.

Parmi les éléments clés contribuant à la réalisation de ces objectifs, les architectes travaillant sur la requalification des espaces publics peuvent mobiliser les éléments suivants :

Le mobilier urbain : Il s’agit des bancs publics, candélabres, poubelles, panneaux de signalisation, abribus avec panneaux publicitaires, cabines téléphoniques, plots et bornes anti-voitures, barrières…etc. L’enjeu aujourd’hui est d’éviter l’envahissement anarchique de l’espace public par une multitude d’objets non coordonnées, cause de désagréments à la circulation piétonne et de pollution visuelle. Le mobilier doit donc faire l’objet d’un choix pertinent en matière de design et de son emplacement afin de libérer au maximum de l’espace en limitant son emplacement. Quant au design, le mieux serait d’avoir recours à une seule gamme de mobilier afin de renforcer l’unité de composition de la place, contribuant positivement à son « imagibilité », comme on aura occasion de voir dans le module sur la perception.

Les revêtements du sol : Le sol est un élément souvent négligé dans le paysage urbain. Son traitement doit tenir compte de chaque espace et de son usage. Les espaces de circulation automobile peuvent avoir un traitement  différent de celui dédié aux piétons en différenciant les matériaux. Le choix d’une même gamme de revêtement contribue d’autre part à renforcer la lisibilité et l’unité des espaces publics.

Les végétaux : A la différence d’autres espaces publics (jardins, squares, parcs), la place est essentiellement un espace minéral. Cela n'empêche pas la végétalisation partielle de la place par la présence d’arbres ou de plantes décoratives. Cet apport végétal contribue non seulement à renforcer l’aspect esthétique de lieux, mais contribue également au bien-être des usagers de la place (humidité, protection du soleil) et au fonctionnement des écosystèmes urbains.

La lumière : La lumière urbaine est un nouveau concept de l'éclairage. L'éclairage a été considéré pendant longtemps comme un outil technique conçu pour la lisibilité et la sécurité routière. Depuis peu, le rôle de la lumière dans la ville à évoluer, elle n'est plus considéré comme un équipement mais comme un aménagement faisant partie intégrante du projet urbain. Elle peut ordonner la vision nocturne, mettre en relation les espaces avec leur environnement, utiliser le potentiel scénographique de la lumière, créer une signalétique, des points de repères particuliers diversifier la nuit et prolonger les activités diurnes. La lumière est devenu une composante à par entière dans l'aménagement urbain. À l'aide de projet urbain appelé Plan lumière, l'éclairage va suivre une logique différente dans sa disposition et dans son intensité; s'adaptant aux multiples facettes des espaces publics suivant la fonctionnalité et le caractère de l'espace urbain.

   

Figure 3.4 : 

Le traitement des espaces publics ouverts